Cocktails et fonds de tiroir

« Puisque vous me posez la question », puisque je constate que mon travail de « psy » fait revenir, tel un leitmotiv, la même succession d’interrogations, parfois perplexes, parfois inquiètes, souvent, à juste titre d’ailleurs, agressives, et puisque d’un autre côté il y a longtemps que j’ai pris la plume, dans des publications, des articles ou des travaux divers, j’ai décidé de jeter sur la toile le début d’un dialogue.

Vos questions, mes réponses, et sans que je sache à l’avance où nous mènera la discussion, sans quoi je ne l’entamerai pas. Ce blog sera comme un terrain de jeu, journal de bord d’une psy décidée à faire d’une pierre deux coups si ça peut en intéresser certains que je réponde aux questions mille fois posées.

De mes sorties mondaines à mes fonds de tiroir remplis d’articles, de travaux inachevés, de publications datant de cette époque révolue où, n’étant pas mère, j’avais un peu de cette denrée si rare que l’on appelle « du temps », des questions d’étudiants aux inquiétudes des premiers rendez-vous, ce sont toujours les mêmes interrogations qui reviennent. Je vous livre donc des réponses, réponses de psy bien sûr, qui finissent toujours en ouverture sur une autre question… des réponses qui sont surtout là pour poursuivre la discussion, des réponses qui ne prétendent ni ne veulent rien clôturer définitivement, mais des réponses toutefois, pour nommer, situer, s’y retrouver.

Ma profession suscite une curiosité inquiète, presque une démangeaison, bien que la démarche soit très démocratisée, pour ne pas dire banalisée et dévoyée parfois.

Dans la nébuleuse « psy » comment s’y retrouver ? Le terme de psychothérapie est si vaste, qu’il en devient flou. D’où vos questions.

Ce dont je voudrais parler ici, c’est de ce que l’on pourrait peut-être appeler le « travail sur soi ». Drôle d’expression diront certains, nécessité qui s’appelle la vie et ne se limite ni ne se cantonne à un cabinet diront d’autres. Le travail sur soi, dans le fond, c’est ce qu’exige toute la vie, car si on s’arrête un instant pour regarder nos existences, dans leurs dédales intimes, on réalise que toute une vie suffit à peine pour se mettre vraiment au monde comme dirait joliment M. de Hennezel, tant la vie est perpétuel réajustement entre ce qui nous entoure et ce qui nous habite.

Je ne suis pas psychothérapeute par intérêt pour la psychologie plus que pour d’autres disciplines. Je suis psychothérapeute et cela a pour conséquence, par l’engagement avec des personnes dans leur triple dimension biologique, psychique et spirituelle, de convoquer l’anthropologie autant que l’humour, la philosophie autant que les neurosciences, le bon sens autant que la psychanalyse, la littérature fantastique autant que les questions les plus basiques d’hygiène de vie. en s’appuyant sur la psychiatrie quand nécessaire, la psychologie transgénérationnelle si cela s’impose, les dernières découvertes en neurosciences ou en endocrinologie lorsque une situation reste bloquée dans un cercle vicieux biologique, j’ai choisi que mon travail ne soit pas l’exercice d’une discipline fermée mais un espace ouvert pour dénouer des situations douloureuses et accompagner ceux qui me demandent de les aider pour franchir un cap, comprendre, avancer, se relever.

Car lorsque au cours d’un dîner ou d’une soirée, on m’interroge sur la psychothérapie, sur l’expérience que j’en ai comme patiente ou comme thérapeute, je ne peux que témoigner de l’insoupçonnable liberté intérieure et relationnelle que l’on gagne à s’octroyer cet espace-temps des séances. Ce lieu où l’on peut quitter clivages cartésiens et autres jugements tranchants. Des jugements qui ne sont pas faux parce qu’ils sont inexacts, mais parce qu’ils sont somme toute, bien réducteurs, plus aveuglants qu’éclairants.

Ces regards très incomplets sur nous-mêmes qui court-circuitent en fait l’intelligence de soi. Non que je crois à une omniscience de soi, ou à une exhaustivité mégalo de la thérapie ! Mais prendre ce temps, comme un suspens, un soupir, une plongée, une traversée des ombres, une reconnexion avec l’oublié de soi, permet de se familiariser avec soi-même, de se connaître, d’être tellement plus serein, dégagé, et du coup, bien plus efficace dans le monde extérieur, bien plus libres dans nos relations.

On acquiert spontanément, au fil des entretiens, un radar interne qui nous fait gagner beaucoup de temps (je vais vers ce qui me correspond, je fuis les parasites et ceux qui vont me faire rejouer les scénarios qui font mal).

Cela ouvre sur un lâcher-prise (et non pas un laisser aller) qui libère des questions stériles et encombrantes.

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4 commentaires pour Cocktails et fonds de tiroir

  1. carine005 dit :

    Preum’s !
    Je suis très intimidée, étant la première à vous laisser un commentaire.
    Bonne chance et longue vie à votre blog !

  2. TG dit :

    Je suis Réac, c’est grave docteur?

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